Nicolas Miuss, étudiant à Orléans, victime de la Saint-Barthélémy
Nicolaus Miuss, d’origine allemande ou suisse, était étudiant à l’Université d’Orléans en 1557. Entré au service de l’amiral Gaspard de Coligny, il refusa de quitter son maître au moment des massacres de la Saint-Barthélémy, et mourut avec lui le 24 août 1572.
La Nation Germanique à l'université d'Orléans
Une trace du passage de Nicolas Miuss à l’université d’Orléans est conservée dans le prestigieux registre de la Nation Germanique. Au Moyen-Age, on ne pouvait pas, à proprement parler, se dire étudiant de l’Université d’Orléans, mais membre d’une « nation », association regroupant les condisciples d’une même région. Il y avait ainsi dix nations et chacune était placée sous l’autorité d’un procurateur, élu pour trois mois par les étudiants et membre de la direction de l’Université.
La nation germanique groupait sans distinction de langue tous les étudiants originaires d’une région relevant de l’Empire, Allemands et Néerlandais principalement.
Le fonds d’archives de cette nation est le plus remarquable tant par son ancienneté que par sa richesse. Sont notamment conservés dix registres appelés « Livres des procurateurs », mémoire de la nation germanique de 1444 à 1689. C’est au procurateur qu’incombait, en autres activités, d’inscrire le nom, prénom, lieu d’origine des nouveaux venus. Le Livre des procurateurs sert ainsi de registre matricule des étudiants. Outre les noms des étudiants, on y trouve la relation des événements qui font la vie de la nation et de l’Université élection des procurateurs, étudiants reçus à un examen, délibérations, cérémonies, etc.
Le massacre de la Saint-Barthélemy
Nicolas Mius entra au service de l’amiral Gaspard de Coligny. Au moment des massacres de la Saint-Barthélémy, il refusa de quitter son maître et mourut avec lui. La veuve de l’amiral prit le fils de Nicolas sous sa protection et accola son nom de famille à celui de l’enfant, qui s’appela donc Philippe Mius d’Entremont.
Il s’établit en Acadie, et ses nombreux descendants, dans l’actuel état canadien du Nouveau Brunswick, transmettent son souvenir.
Voici le texte publié par ses descendants acadiens sur le site de l’oratoire du Louvre :
« Nicholas Mius, un fidèle serviteur de Coligny
Sous le règne d’Henri II en France, un jeune Allemand, Suisse selon certains, Nicolas Mius est admis à l’Université d’Orléans très pénétrée des idées de la Réforme. Il se marie en 1569 et entre avec sa femme au service de l’Amiral de Coligny qui l’emploie principalement en tant qu’interprète avec les capitaines de ses lansquenets Suisses et Allemands. Le couple a très vite trois enfants, un garçon et deux filles, Charlotte et Louise.
Vient ensuite le temps des massacres. Dans la soirée du vingt quatre août 1572, c’est la Saint Barthélémy. Les assassins aux ordres de la Reine et du Duc de Guise, se présentent devant la demeure de l’Amiral et tuent les premiers qu’ils rencontrent. Coligny adjure alors ses serviteurs de s’enfuir et de le laisser mourir seul. La plupart réussissent à s’échapper par les toits à l’exception de Nicolas Mius qui a refusé de quitter son maître et meurt avec lui.
La jeune veuve de Coligny, Jacqueline de Montbel d’Entremont, qui accoucha d’une petite fille quelques semaines après le massacre, prit naturellement sous sa protection le fils de Nicolas et adjoignit au nom de ce dernier celui d’Entremont. Elle le confia ensuite à sa mère, la Comtesse Béatrice qui résidait en Savoie.
La veuve de Nicolas et ses deux filles furent de leur côté protégées par Louise de Coligny, la fille que l’Amiral avait eue de sa première épouse, Charlotte de Laval. A sa majorité, le jeune homme s’établit en Normandie où il était né et eut vers 1609 un fils, Philippe Mius d’Entremont qui devient le premier Acadien de sa famille.
En 1651, à l’invitation du Gouverneur La Tour, Philippe, sa femme Madeleine Hélie et leur petite fille qui n’a que deux ans s’embarquent pour l’Acadie. Philippe est alors adjoint de La Tour qui lui concède en 1653 une terre qu’il érige en Baronnie de Pobomcoup, aujourd’hui Pubnico , et qui se peuple peu à peu .
Pendant une vingtaine d’années au cours desquelles naîtront quatre enfants, Philippe mènera comme les autres colons une vie d’agriculteur avant de laisser sa terre à son aîné et de se retirer à Grand-Pré où il exercera jusqu’à la fin de sa vie la fonction de Procureur du Roi pour l’Acadie.
Les descendants de Philippe Mius d’Entremont , nombreux dans toute l’Acadie et dans ce qui est maintenant l’ Etat Canadien du Nouveau Brunswick conservent fidèlement le souvenir de leur ancêtre. »
Pour en savoir plus
Chaque mois, les Archives départementales du Loiret mettent en valeur un document extrait des fonds.
Découvrez tous les documents à la une.
Retrouvez le texte publié par ses descendants acadiens
Site de l’Oratoire du Louvre : oratoiredulouvre.fr/documents/coligny.html
Date de modification : 1 août 2013